UNE EOLIENNE S'EFFONDRE à BOULOGNE-
SUR-MER (2 janvier 2004)
un mât de 80 tonnes sest écrasé au sol. On a retrouvé
des pales sur la plage ! Heureusement , cétait la nuit.
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Les
trois pales se sont détachées. L’une d’elles a été retrouvée sur la plage
de Boulogne-sur-Mer, les deux autres avaient dérivé jusqu’au nord de Wimereux,
à huit kilomètres. Par chance, l’accident s’est produit la nuit
Images de l'éolienne détruite. |
LE PORTEL - VOIX DU NORD
Articles de la Voix du Nord, édition de Boulogne-sur-Mer :
Edition du Vendredi 02 Janvier 2004
Incident
Pour le propriétaire, un défaut de maintenance est à l’origine de l’accident de la nuit de la Saint-Sylvestre
Une éolienne s’effondre sur le port de Boulogne-sur-Mer
CERTAINS Boulonnais ont pensé n’être pas tout à fait remis des
festivités de la veille, en ne découvrant hier matin que trois des quatre
éoliennes du port de commerce, au Portel. Leurs esprits revenus, ils ont appris
que la quatrième était tombée dans la nuit.
Quatre-vingts tonnes de la structure ont ainsi fait une chute de plus de
vingt-cinq mètres. Les trois pales se sont détachées. L’une d’elles a
été retrouvée sur la plage de Boulogne-sur-Mer, les deux autres avaient
dérivé jusqu’au nord de Wimereux, à huit kilomètres. Par chance, l’accident
s’est produit la nuit.
La digue Carnot, à proximité de laquelle sont installées les éoliennes, est
un rendez-vous prisé des amateurs de pêche de bord de mer. Ils garent souvent
leur voiture au pied des mâts.
Boulons mal serrés
Grégoire Verhaeghe, le patron d’Innovent, une entreprise de Bondues
propriétaire des éoliennes, met en cause le fournisseur des mâts, la
société néerlandaise Lagerwey, chargée aussi de la maintenance.
Le mât des éoliennes, haut de cinquante mètres, est formé de deux tubes de
vingt-cinq mètres assemblés par des boulons. Tous les six mois, la société
Lagerwey devait les resserrer. En liquidation judiciaire depuis août, elle n’aurait
pas effectué le dernier contrôle, par souci d’économie, estime Grégoire
Verhaeghe.
Un contrôle, hier soir, a permis de constater que les trois autres éoliennes
étaient solidement fixées. Innovent espère reconstruire la quatrième d’ici
plusieurs semaines. Cette accident clôt une année qualifiée de " magnifique
" par Grégoire Verhaeghe. Les quatre éoliennes porteloises, pour leur
première année complète de fonctionnement, ont produit 8,5 millions de
kilowattheures.
Pierre-Yves CARLIER
Ph. " La Voix "
Edition du Samedi 03 Janvier 2004
Incident
Un expert doit déterminer les origines de l’accident survenu jeudi sur le port de Boulogne
Le parquet ouvre une enquête sur l’éolienne
HIER, des dizaines de promeneurs sont venus constater l’étendue des
dégâts, au pied de l’éolienne brisée sur le port de Boulogne-sur-Mer
(notre édition d’hier). Chacun y allait de son petit commentaire, qui pour
dénoncer " un défaut de fabrication ", qui pour estimer que
" les trois autres pourraient bien tomber ".
Décidé à s’appuyer sur davantage de certitudes, le parquet de
Boulogne-sur-Mer a ouvert hier une enquête. Il a nommé dans la soirée un
expert qui doit être présent aujourd’hui sur le site.
Les pales à leur tour mises en cause
Grégoire Verhaeghe, le patron d’Innovent, la société propriétaire des
éoliennes, doit aussi être entendu comme témoin, dans les prochains jours. Il
sera interrogé sur la fabrication et l’entretien des générateurs. Jeudi, il
avait mis en cause la société néerlandaise Lagerwey, chargée de la
maintenance jusqu’à sa liquidation en août.
Hier, après le passage des experts des compagnies d’assurance et des
techniciens de la société SEL Electrotechnique, une autre hypothèse se
faisait jour. Un technicien aurait évoqué " une aberration technique
" dans la jonction entre les pales et le rotor de l’éolienne. Une
hypothèse qui, si elle s’avérait, laisserait planer le plus grand doute sur
la fiabilité des trois autres générateurs.
Le commissaire central de Boulogne-sur-Mer, Jean-Paul Arbelin, préférait
rester " prudent ". Les déclarations de Grégoire Verhaeghe,
jeudi, " ne regardent que lui ", a-t-il ajouté. En attendant
les conclusions de l’expert, il a fermé le site au public.
La production arrêtée
La digue Carnot du Portel, au pied des éoliennes, est un des sites favoris
des amateurs de pêche en bord de mer. " Ce serait trop bête d’avoir
un accident, poursuivait-il. Il ne faut pas courir le risque, d’autant
qu’on ne sait pas si les pales sont tombées avant le mât ou si elles sont
parties après la chute du mât. "
La société Innovent, elle, avait d’abord prévu de ralentir la production
des trois autres éoliennes du site. Finalement, elle s’est résolue à couper
la production. Grégoire Verhaeghe n’avait hier aucune idée de la durée de
cette interruption.
Pierre-Yves CARLIER
Edition du Jeudi 08 Janvier 2004
Energie
Pour les besoins de l’enquête et par précaution, toutes les pales du port de Boulogne seront démontées
Les quatre éoliennes victimes du même mal ?
QUATRE mois. C’est le délai demandé par les quatre experts
dépêchés autour de l’éolienne brisée, sur le port de Boulogne-sur-Mer,
pour rendre leurs conclusions définitives. En attendant, les pales des trois
éoliennes indemnes seront démontées.
En effet, l’hypothèse d’un défaut de conception est aujourd’hui la plus
souvent retenue pour expliquer l’accident survenu dans la nuit de la
Saint-Sylvestre. " Les problèmes se situeraient plutôt du côté de la
relation entre les pales et la couronne ", expliquait hier Gérald
Lesigne, procureur de la République à Boulogne-sur-Mer.
Or, les quatre éoliennes du Portel sont de conception identique. Le rotor de
chacune sera démonté. Les experts pourront ainsi tenter de comprendre ce qui s’est
passé et effectuer des reconstitutions de l’accident, aucun cas similaire n’ayant
été constaté dans la région. D’autres pièces, elles, ont déjà été
emmenées en laboratoire.
Dangereuses, même à l’arrêt
Ce démontage est aussi une mesure de précaution. Les pales des éoliennes,
dont la production a été stoppée lundi, " présenteraient un danger,
même à l’arrêt ", confiait hier leur propriétaire, Grégoire
Verhaeghe. Il a d’ailleurs arrêté une autre éolienne, à Bondues. Celles qu’il
possède près d’Abbeville, de conception différente, continuent de tourner.
Les pales et une partie de la couronne des éoliennes du port de Boulogne ont
été fabriquées par la société ATV, installée près d’Aix-en-Provence.
ATV, anciennement Atout Vent, s’était dotée dans les années 1990 d’un
site de production, fermé depuis, à Douai.
L’entreprise est malgré tout toujours présente dans l’éolien régional.
Elle sous-traite pour une filiale de Framatome, basée à Jeumont, près de
Maubeuge.
Or, cette société est le principal fournisseur de la société anonyme d’économie
mixte locale Eoliennes Nord - Pas-de-Calais, une émanation du conseil régional
qui assure la maîtrise d’oeuvre de plusieurs sites du schéma régional
éolien.
Hier, un ingénieur d’ATV, présent à Boulogne-sur-Mer ces derniers jours, se
disait " surpris " des interrogations sur la fiabilité de sa
production. " Nous avons des pales qui tournent en Suède et dans le
désert américain. Je n’ai aucun doute sur la pertinence de nos solutions.
C’est ce qu’on montrera aux experts. " Ces derniers pourraient
rendre leurs premières conclusions dès le début du printemps.
Pierre-Yves CARLIER
Edition du Jeudi 22 Janvier 2004
Les pales se posent comme des fleurs
Une accalmie a permis hier le démontage des pales de deux éoliennes du Portel, en toute sécurité. Innovent en a commandé de nouvelles, mieux fixées, pour fin février. (...) Pour G. Verhaeghe, il n'y a pas de mystère : la chute incombe au manque de sérieux de la société française qui a fabriqué les pales. Elles étaient fixées au rotor à l'aide de 40 gougeons métalliques de 20 cm (sic. IL faut lire 20 mm) noyé dans une miche couche de résine. Inadapté aux conditions de vent du Portel. (...) |
Edition
du 15 Février 2004
Anticiper les pépins du
vent
Une éolienne victime d’un coup de faiblesse et d’un coup de vent : dans la
nuit du 31 décembre au 1er janvier, 80 tonnes font une chute de 25 m, une pale
glisse sur la plage de Boulogne-sur-Mer, deux autres dérivent en flottant
jusqu’à Wimereux. Une enquête est en cours pour ce cas rarissime, alors que
tous les tests avaient été effectués.
Les vibrations ont-elles eu un impact sur le bloc de béton ? L’articulation
entre l’axe principal et les pales a-t-elle fait défaut ? Pour l’instant,
toutes les hypothèses sont à l’étude. Et le préfet du Pas-de-Calais, qui
avait déjà engagé une démarche pour « canaliser » la multiplication des
projets éoliens, a établi un plan rappelant les exigences éoliennes : les
projets d’une puissance supérieure à 2,5 MW doivent faire l’objet d’une
étude d’impact et d’une enquête d’utilité publique, ne pas être
construits à moins de 500 m d’une habitation.
Ensuite, différents périmètres de sécurité liés à la hauteur des éoliennes
seront délimités avec des conditions particulières pour les éoliennes
proches des axes routiers. Enfin, des tiers experts seront là aussi nommés
pour valider ou non les projets.
Le préfet a annoncé cette semaine la création d’un pôle de compétences éolien
: le POLEOL destiné à renforcer la coopération des services de l’Etat et en
même temps faciliter les procédures en matière d’implantation d’éolienne
(un guide méthodologique à destination de l’élu local a été rédigé en
ce sens).
Edition du Mercredi 25 Février 2004
Au Portel, suite à
l’accident du 1er janvier Remontage d’éoliennes sous surveillance
En attendant, Innovent a commandé de nouvelles pales à une société allemande
cette fois-ci, Euros. De même dimension (25 m), elles sont dotées d’un système
de fixation « beaucoup plus costaud ayant fait ses preuves en Allemagne, un
pays qui a dix ans d’avance sur la France dans le domaine éolien » assure Grégoire
Verhaege, patron d’InnoVent.
Le premier nouveau jeu de pales, arrivé d’Allemagne, a été assemblé hier
matin au rotor. L’ensemble n’a pu être hissé en haut du mat en raison du
vent.
Cette opération d’assemblage était surveillée de près par un expert du
bureau Veritas, dont la présence était exigée par la préfecture, même si
aucune obligation légale n’existe encore en France dans ce domaine. Le
rapport de cet expert sera instruit par la DRIRE et transmis au préfet, qui
autorisera ou non le redémarrage des trois éoliennes non concernées par
l’accident. Pour la quatrième, seule concernée par l’enquête judiciaire,
ce sera bien plus long.
D’une part, il faut attendre les résultats ce l’enquête. D’autre part,
l’assurance refuse pour l’instant de prendre en charge la reconstruction.
Comme dit G. Verhaege, un des pionniers de l’éolien en France, « on
apprend. C’est un peu comme les débuts de l’aviation. » Sympathique,
mais moyennement rassurant. Sauf pour les banques, qui suivent InnoVent. La
ferme du Portel a dégagé 99 000 euros de bénéfice en 2003.
S. R.